----- Original Message
----- Ne te fais pas de mouron. Notre mère la Nature est là, généreuse en baies, champignons, airelles.. Et puis il nous reste un peu d'argent : ce qui me plaisait, c'était que tu m'en envoies. Je croyais que c'était ton argent que tu m'envoyais, pas le mien. Si c'est le mien tu peux attendre encore un peu... Ce n'est pas de l'argent dont j'avais le plus besoin, c'était qu'on m'en donne. Les brocolis, les radis et les artichauts : voilà d'appétissants produits de mère Nature ! Nature est aussi propice à la réflexion. Il n'y a pas grand monde à Kharagun, beaucoup de vieux qui ont encore l'air perspicace et dispensent de beaux sourires souvent édentés, comme les bébés. Ils nous croisent, ils hochent la tête devant la Poule, passent la mains dans les cheveux d'Albert.
Alors voilà : c'est nous, ici, les exotiques, et vraiment on devrait toujours s'émerveiller d'être l'étranger. C'est une situation intéressante. Quand je serai rentrée à Paris, il ne faudra pas que j'oublie ça. Il faudra faire l'effort d'être étrangère à Paris. Je ne sais pas pourquoi on aime autant les racines (sauf quand c'est des radis), c'est tellement léger, de n'en avoir point ! Ces histoires de racines, c'est entourloupe et compagnie.
Albert ayant perdu le jeu de cartes de Dubble you, on joue au go. Un jeu
où plus la chaîne est longue, plus les libertés abondent...
"Le nombre de libertés de la chaîne est le total
des intersections adjacentes libres." Ah ah ! Je te pose donc,
d'un seul mouvement, une foule de problèmes: problème mathématique,
problème moral, problème politique. Et on n'a encore pas
vu que les pierres aient des racines. |